« Je ne sais pas si j’y serais arrivée sans enfant »

| Dit artikel past in een opdracht voor studenten uit het derde jaar met als onderwerp zoom sur le bien-être.

Foto: Green Chameleon

 

Anne-Isabelle a 36 ans et elle habite à Bruxelles. Elle vit avec son compagnon et leur enfant de quatre ans. Elle fait des études de journalisme et elle travaille comme comédienne. Le coronavirus a un impact énorme sur sa vie bien remplie. Nous l’avons rencontrée au début du mois de novembre, soit quelques jours après les nouvelles mesures.

Comment avez-vous vécu les mois précédents? 

« Au début de la crise ça allait, on était même positifs. On se disait que les choses allaient un peu changer, mais à la fin, c’était long. Ce deuxième confinement, c’est dur, comme pour tout le monde. On n’a pas voulu y croire jusqu’à maintenant.

Ma vie sociale a beaucoup changé. Mes amis, que je n’ai pas vus depuis longtemps, me manquent vraiment. Heureusement, j’ai mon compagnon et mon fils, mais au niveau des amis, il y a quand même quelque chose qui est absent, qui me manque, et dont j’espère que ce n’est pas cassé. Même quand je me balade dans la rue, je me sens un peu seule. Moi, j’aime bien quand Bruxelles est pleine de gens et que ça vit. Et puis, chaque fois qu’on rencontre quelqu’un en vrai, dans la rue, on commence à raconter nos vies, même si ce ne sont pas des gens proches. 

J’ai l’impression de ne jamais être à cent pour cent dans ce que je fais

Ce qui me manque vraiment, c’est de pouvoir voir des gens sans me poser de questions, de pouvoir les prendre dans les bras et tout ça, d’être dans un café avec des gens et de discuter. Je crois que c’est ça qui me manque le plus. 

La pandémie change beaucoup dans notre quotidien, mais il y a des choses qui peuvent être prises positivement aussi. Le fait que tout le monde doive respecter une distance physique dans la rue, par exemple, moi, ça fait mon bonheur.»

Comment se passe une journée chez vous en cette période? 

« Je me lève assez tôt, parce que mon fils se réveille vers sept heures. Mais ça me fait du bien, parce que ça me donne un rythme. Je ne sais pas si j’y serais arrivée sans enfant. Ça me permet de ne pas être trop déprimée, parce que quand on n’a pas un minimum de structure et de rendez-vous, c’est encore plus difficile.

Et puis j’essaie de travailler avec lui à la maison, mais ce n’est pas facile. Quand je travaille, je me dis que j’aimerais être avec mon enfant, et quand je suis avec mon enfant, je me dis que je devrais travailler. Du coup, j’ai l’impression de ne jamais être à cent pour cent dans ce que je fais. 

J’essaie d’aller prendre un peu l’air et de faire un peu de vélo pour m’aérer, parce que ça me fatigue très fort de passer la journée devant l’ordinateur. Le soir, je n’ai vraiment plus envie de regarder un écran. Avant, on passait déjà beaucoup de temps devant l’écran, mais là, ça explose. 

Je mène ma vie et j’essaie de relativiser les choses

Malheureusement, il me manque du temps pour faire d’autres choses. J’ai l’impression qu’on a moins de temps en tout, parce que quand on est chez nous, on a l’impression d’être obligés de travailler tout le temps pour l’école. Et comme tout est annulé, c’est difficile de s’accorder du temps pour faire autre chose. C’est super dur de se motiver, je trouve. 

Je mène ma vie et j’essaie de relativiser les choses. Je m’oblige aussi à prendre assez de pauses, mais je trouve que c’est une situation qui est très anxiogène et très stressante. Heureusement qu’il fait beau ! »

Est-ce que l’école tient suffisamment compte des étudiants, maintenant que nous sommes passés complètement à l’enseignement en ligne ?

« Les professeurs se démènent vraiment pour nous, mais la structure de l’école, c’est vraiment la catastrophe. Aucune échéance n’a été bougée. On est obligés de rendre nos travaux aux mêmes dates qu’en temps normal. Quand on ne peut pas rendre un travail dans les délais prévus, les profs disent ‘mais non, ça va aller’ et ça m’énerve, parce que non, ça ne va pas aller ! C’est difficile pour nous de travailler à distance. Pour une de mes tâches, on est six dans le groupe, donc on est nombreux et avec un écran entre nous, ce n’est presque pas possible de faire du bon travail.

Je me dis qu’il y a pire dans la vie

Les professeurs s’impliquent beaucoup et essaient d’améliorer les choses, donc il y a du positif. Mais au niveau de la structure de l’école, c’est très lourd. La communication est encore pire qu’avant. Il nous manque certaines infos, ou on reçoit des infos contradictoires ou peu claires. 

Je trouve ça un peu fou que l’école ne puisse pas être plus flexible. Je ne pense pas que les profs vont nous mettre de mauvais points, mais ça m’est égal. Moi, j’aimerais avoir le temps de remettre un travail dont je suis fière et là ils nous disent ‘non, c’est bien comme ça’. Je suis fâchée pour cette raison-là, ce manque de structure et de flexibilité. »

Est-ce que vous vous sentez aussi heureuse qu’avant ?

« Je ne suis pas malheureuse, mais je ne suis pas aussi épanouie qu’avant. Il y a des choses qui me manquent très fort. La relation de couple est aussi plus difficile, parce qu’on est tout le temps l’un avec l’autre et qu’on travaille tout le temps dans la même pièce. Donc parfois, il y a des tensions ou on peut être un peu rude l’un avec l’autre. On est moins apaisés qu’avant.

Je me dis quand même que j’ai un toit sur la tête, que je me porte bien, que ces mesures existent pour notre bien. Ça va finir par passer, j’espère. Je me dis qu’il y a pire dans la vie, que je suis entourée et qu’on va s’en sortir. 

Quand tout sera revenu à la normale, je pense qu’on va faire une grosse fête de famille pour fêter tous les anniversaires, parce que ça fera peut-être presque un an que tout le monde aura eu des anniversaires confinés, donc on va faire un méga gros truc. Pas avec plein de gens, mais avec plein de bonne humeur, plein de cadeaux et de bruit, parce que ça me manque quand il n’y en a plus. »

De auteur

Marie Bruggeman

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Student journalistiek en radiofanaat. Zot van reizen, lezen en schrijven.